En Eglise comme aux échecs
En début d’année, j’étais invité à prêcher dans une Église évangélique. Pendant le culte, le pasteur Olivier Reber a donné une illustration que j’ai souhaité reprendre à mon compte, à partir du jeu d’échecs, qui peut faire penser à la coordination du corps. Essayons de vivre en Eglise comme aux échecs.
Non, ne pars pas ! Même si tu ne connais rien aux échecs, même si tu n’aimes pas jouer à ce jeu, je t’assure que tu vas tout comprendre. Ça parle de la convivialité.
Mais avant de commencer, lis ce que dit l’apôtre Paul dans sa première lettre aux Corinthiens, au chapitre 12, les versets 12 à 27.
Les pièces du jeu d’échecs
Dans le jeu d’échecs, tu as des pièces. La pièce maîtresse, c’est le roi.
Si le roi est pris, tu as perdu. Tout le jeu consiste donc à protéger le roi le plus possible (tout en essayant de prendre le roi adverse). Mais cette pièce maîtresse, au final, n’a que très peu de pouvoir. Oui, tu lis bien : la pièce maîtresse à peu de pouvoir.
La pièce la plus forte, c’est la reine. Elle est très, très forte.
Sur les 16 pièces qui composent ton équipe, la moitié sont des pions.
Les pions, tu le sais, c’est comme les p’tits soldats à la guerre : ça vaut pas cher, on les sacrifie facilement, c’est la chair à canon comme on dit. Mais dans le jeu d’échecs, il ne faut surtout pas les mépriser : les pions sont très importants. Ils protègent très bien, ils ont une valeur stratégique très importante, et ils peuvent bloquer le jeu de l’adversaire. Le pion, s’il arrive à traverser le plateau, peut se changer en reine ! Je le répète : les pions sont très importants. Quand on dit : « ce ne sont que des pions », on se trompe lourdement, parce qu’il ne faut jamais mépriser les pions.
Le fou est une pièce qu’on n’aime pas trop – qui aime les fous ? Il marche en diagonale. On préfère la tour, qui va droit devant ! Le fou ne suit pas les sentiers tout tracés et souvent il nous surprend.
Enfin, le cavalier peut sauter par-dessus des pièces quand il joue. Il est un peu tordu lui aussi, parce qu’on ne voit pas toujours quel est son plan.
Des particularités à prendre en compte
Tu le vois, chaque sorte de pièce est unique, chacune a ses particularités, et ça va loin, parce que si tu as deux fous, un fou est destiné aux cases blanches, l’autre est destiné aux cases noires. Tu as 8 pions, mais les pions qui sont au centre n’ont pas la même fonction que ceux qui sont sur les côtés, et s’il est sur une case noire, il ne va pas avoir la même fonction que s’il est sur une case blanche. Etc.
Au final, chaque pièce est vraiment unique, à cause de sa nature, à cause de sa fonction et à cause de son contexte. Mais tu l’auras remarqué, chaque pièce ne se déplace qu’en fonction de règles précises. Le cavalier ne fait pas n’importe quoi : il ne saute pas par-dessus une autre pièce n’importe comment, dans n’importe quel sens.
Il y a des règles à respecter.
Chaque pièce fait partie de l’équipe.
Chaque pièce fait partie du corps.
Et comme le dit l’apôtre Paul dans sa lettre aux Corinthiens : « les parties du corps qui paraissent les plus faibles sont indispensables ». Il ne dit pas que les parties qui nous semblent les plus fortes sont indispensables !
En Église : inversons les valeurs !
Notre conception du monde se fonde sur la force.
Nous aimons séduire les personnes que nous trouvons les plus fortes, les plus riches, les plus intelligentes, les plus ceci ou les plus cela… Notre ambition, c’est de nous accaparer les personnes qui nous semblent avoir la plus forte influence… Nous aimons tellement les faire-valoir.
Mais Paul nous invite à autre chose.
Il nous invite à vraiment former un corps, à prendre vraiment soin les uns des autres, dans une solidarité qui défie toutes les organisations de type hiérarchique. Si nous voulons une hiérarchie, alors considérons que Jésus le Christ est la tête qui commande au corps, et ça nous suffira. Si nous arrivons à faire cela, c’est-à-dire si nous cherchons à obéir au Christ, alors nous n’aurons que de l’amour les uns pour les autres.
Et c’est bien suffisant.
Autre point fondamental : s’il manque une seule pièce au jeu d’échecs, il est impossible de commencer la partie. Chaque pièce est importante. Et chaque pièce qui disparaît du plateau déséquilibre considérablement les forces de l’équipe.
Une pièce qui disparaît force les autres pièces à assumer son rôle. Il est important que chaque pièce joue bien sa partition, pour que les forces soient bien équilibrées, et que la charge ne repose pas sur une seule pièce.
Il est important de bien prendre soin, du mieux qu’on peut, des membres du corps que nous formons, en tant qu’Église.
Un peu de coordination
Enfin, chaque pièce est obligée, si elle veut jouer son rôle, de prendre en compte les autres pièces.
Tu ne peux pas jouer un coup en solo : ton action a une répercussion sur le jeu des autres. Et ton action peut mettre en péril le ministère, voire la vie des autres. Avant de jouer ton coup, il est important que tu t’assures du rôle et du contexte des autres pièces, il est même important que tu communiques avec les autres, pour qu’ils t’aident à mieux comprendre les conséquences de ce que tu vas faire.
En fait, sans toi, nous ne pouvons rien faire de bon. Il nous faut apprendre à mieux travailler ensemble.
Nous sommes un seul corps. « Ainsi, il n’y a pas de division dans le corps, mais les différentes parties ont un égal souci les unes des autres. »
Et voilà comment, d’après moi, on peut être en Eglise comme aux échecs !
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