Dans un beau paysage, un troupeau et deux bergers

Dieu et les abus de pouvoir

28 juin 2022Lionel Thébaud

Les paroles qui sont écrites dans la Bible ne sont pas toujours celles que l’on aimerait lire… Aujourd’hui c’est un texte du prophète Ezéchiel que je vous offre. Avec ce passage, nous entendrons combien Dieu supporte mal les abus de pouvoir. Mais d’abord, découvrons le texte.

Le prophète Ezéchiel nous parle des abus de pouvoir

La parole du Seigneur me fut adressée :
« Fils d’Adam, parle en prophète contre les dirigeants d’Israël,
révèle-leur ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu :
Le malheur est sur vous, bergers d’Israël !
Vous ne prenez soin que de vous-mêmes !
N’est-ce pas du troupeau que les bergers doivent prendre soin ?
Or vous en prenez le lait pour vous nourrir,
la laine pour vous habiller et vous abattez les bêtes les plus grasses.
Vous n’agissez pas en bergers.
Vous n’avez pas rendu des forces aux bêtes affaiblies ni soigné celles qui étaient malades,
vous n’avez pas pansé celles qui étaient blessées,
vous n’avez pas ramené celles qui s’étaient écartées du troupeau ni recherché celles qui étaient perdues ;
mais vous avez exercé votre pouvoir avec violence et brutalité.
Alors ces bêtes qui n’avaient personne pour les conduire se sont dispersées
et elles sont devenues la proie des animaux sauvages.
Oui, elles se sont dispersées.
Les bêtes de mon troupeau sont allées se perdre sur les montagnes et les collines,
puis elles ont été dispersées sur toute la surface de la terre,
sans que personne se soucie d’elles ou aille les chercher.
Vous donc, les bergers d’Israël, écoutez ce que je vous dis :
Aussi vrai que je suis vivant, je l’affirme, moi, le Seigneur Dieu,
mon troupeau est livré à des ravisseurs ;
privé de bergers, il est devenu la proie des animaux sauvages.
En effet, mes bergers ne se sont pas souciés de lui ;
au lieu d’en prendre soin, ils ont pris soin d’eux-mêmes.
Eh bien, écoutez ce que je dis, bergers d’Israël :
Moi, le Seigneur Dieu, je vous déclare que je me retourne contre vous
et vous retire la charge de mon troupeau.
Ezéchiel 34.1-10

Dieu s’occupe lui-même de nous

Ceux qui prennent soin uniquement d’eux-mêmes ne dirigeront plus le troupeau.
Je vous arracherai de la bouche les bêtes de mon troupeau,
elles ne serviront plus à vous nourrir.
Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu,
à partir de maintenant,
je m’occuperai de mon troupeau et j’en prendrai soin moi-même.
Je prendrai soin de le regrouper comme le fait un berger au milieu de son troupeau éparpillé.
J’irai rechercher mes bêtes partout où elles ont été dispersées un jour de grand orage.
Je les retirerai du milieu des populations et des contrées étrangères où elles se trouvent,
je les rassemblerai et je les ramènerai dans leur pays ;
je les conduirai sur les montagnes d’Israël,
au creux des vallées et dans tous les endroits habitables.
Je les mènerai dans un bon pâturage.
Elles auront leurs prairies sur les montagnes en Israël.
Oui, elles auront là de belles prairies pour s’y reposer et de gras pâturages pour s’y nourrir,
sur les montagnes d’Israël.
Je serai moi-même le berger de mon troupeau,
je le mettrai à l’abri,
c’est moi, le Seigneur Dieu, qui l’affirme.
J’irai chercher la bête qui s’est perdue,
je ramènerai celle qui s’est égarée,
je soignerai celle qui s’est blessée,
je ferai reprendre des forces à celle qui est malade.
Mais j’éliminerai celle qui est trop grasse ou vigoureuse.
Je dirigerai mon troupeau selon la justice. »

Ezéchiel 34.10-16

Dieu et les abus de pouvoir politique

Ce long texte fait partie des passages des Écritures qui sont peu appréciés. Ou alors, isolément, on extrait un ou deux versets de cette critique des responsables politiques. D’ailleurs, un paroissien m’a dit, à la fin de mon message : « Merci Lionel de nous avons lu ce passage du prophète Mélenchon ! »

Le prophète Ezéchiel décrit l’état de la situation dans son pays.

D’un côté, les bergers, c’est-à-dire les personnalités qui ont un pouvoir politique, dont le premier représentant est le roi, mais qui concerne aussi tous ceux qui sont proches du pouvoir royal.

De l’autre côté, les brebis, c’est-à-dire le peuple, qui subit les décisions du pouvoir.

Quand on pose ça comme ça, froidement (et le réel politique est souvent froid), on se rend compte que depuis tout ce temps, rien n’a changé. Nous avons, malgré nos révolutions, toujours d’un côté la classe politique, et de l’autre le peuple, qui subit les décisions politiques. Donc même si ça change tout le temps, rien ne change jamais.

Dieu contre les abus de pouvoir

Le prophète donne quelques claques à la classe politique.

Nous venons de vivre un temps d’élections, et nous constatons encore une fois combien la classe politique se prend des claques. Et encore une fois, nous entendons le jugement de Dieu sur les bergers : vous ne vous occupez que de vous-mêmes, vous ne prenez pas soin de mon peuple.

Forcément, la classe politique n’écoute pas le peuple. Elle fait semblant de l’écouter mais elle se considère tellement supérieure, parce qu’elle est investie du pouvoir, elle pense savoir tellement mieux que nous ce qui est bon pour nous, elle nous infantilise tellement que ses oreilles sont bouchées.

Ce sont des gens qui – pensant bien faire – oublient ce que signifie « servir ». Sans oublier cependant ce que signifie « se servir ».

Mais laissons-là la classe politique. Et rappelons-nous que « berger » c’est aussi un synonyme de « pasteur » : ne vous laissez pas piéger par les beaux discours et les belles harangues, les pasteurs ont une responsabilité et s’ils ne prennent pas soin du peuple qui leur est confié, ils seront rejetés de la même manière que les personnalités politiques pointées du doigt par le prophète. Gare à moi, donc, si je n’entends plus vos paroles.

Les abus au sein du peuple

L’autre groupe, c’est les brebis. Dieu distingue un groupe particulier de brebis : les « trop grasses ».

C’est une image, bien sûr : il n’est pas question de diététique ici, même si on trouve ici ou là des gens capables de se moquer de ceux qui prennent facilement du poids. Non, vous l’aurez compris : les brebis trop grasses désignent ces brebis qui, bien qu’ayant assez à manger, se permettent de manger l’herbe des autres.

Il s’agit de ces gens qui, parmi le peuple, établissent leurs richesses sur le dos des autres.

Il s’agit de ces requins qui exploitent la misère des plus pauvres.

Et Dieu va leur faire leur fête : entendez Dieu dire « j’éliminerai celle qui est trop grasse ou trop vigoureuse ».

Pourquoi tant de haine ? Parce que Dieu veut diriger son troupeau selon la justice. Point.

Remettons un peu de bonne nouvelle dans ce jugement

Rappelez-vous que c’est une image : si vous êtes trop riche (mais je crois qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui se considèrent trop riches, de nos jours), Dieu ne va pas vous éliminer.

Je ne cesse de répéter que Dieu vous aime quoi que vous fassiez, je ne vais pas me mettre à vous culpabiliser. Je ne vous dirai pas que vous n’êtes pas dignes d’être dans le troupeau. Ce n’est pas mon rôle.

Aussi, quand vous entendez un message qui vous culpabilise, accrochez-vous encore plus fort à ce que vous savez de l’amour de Dieu. Ce n’est pas parce que Dieu n’aime pas ce que vous faites, qu’il ne vous aime pas, vous.

Il y a plusieurs bonnes nouvelles à entendre, et le fait que Dieu vous aime en est une, même si vos comportements sont mauvais. L’autre bonne nouvelle est pour les pauvres, ce peuple qui se fait exploiter et dépouiller : Dieu va écarter les oppresseurs, et il va lui-même s’occuper de son peuple. Dieu va mettre le peuple à l’abri de ceux qui lui font du mal. Dieu ne va pas laisser les injustices perdurer.

Ce n’est pas un message qui s’accomplira dans l’après-vie. C’est dans ce monde-ci. Et nous devons l’entendre. Ceux qui abusent de leur autorité seront jugés. Ils seront destitués. Ce n’est pas un manque d’amour de Dieu, au contraire. Il est bon que Dieu mette des limites à notre désir de toute puissance.

Par conséquent, il faut s’attendre à ce que toutes les personnes qui exercent mal leur service (c’est-à-dire qui mangent leur troupeau) tombent en disgrâce. Et si vous êtes des femmes et des hommes de foi, vous devriez avoir hâte que ces choses arrivent. Parce que c’est le cri du cœur des enfants de Dieu.

Le pouvoir de changer de comportement

Pourquoi n’avons-nous pas si hâte que ça que ces choses arrivent ?

Parce que nos actes ne sont pas tellement en phase avec ce que nous dit notre coeur. Nous savons, n’est-ce pas, que nous nous comportons mal : la lumière est venue dans le monde, mais les êtres humains ont préféré l’obscurité à la lumière, parce qu’ils font ce qui est mal (Jean 3.19).

Ce message du prophète concerne tout le monde, évidemment.

Mais il va de soi que les riches et les personnalités politiques sont concernées au premier chef (voir ce que j’ai écrit au sujet des « grands »).

C’est un message qui vous invite à réévaluer la manière dont vous prenez vos responsabilités : vos privilèges servent-ils vos propres désirs, ou bien mettez-vous ces choses au service des personnes les plus fragiles ?

Si vous savez que vous êtes riches, et si vous avez conscience du fait que votre richesse s’établit sur l’exploitation d’autres personnes… si vous estimez par exemple que le pauvre doit faire ses preuves pour mériter son salaire… ou si vous estimez qu’il est juste que les très riches soient très riches… bref, le prophète vous dit là que vous ne pensez pas le monde selon Dieu, mais que vous ne prenez soin que de vous-mêmes. Vous cherchez non pas le royaume de Dieu, mais vos propres intérêts – qui n’ont de propre que le nom.

Ne culpabilisez pas, c’est inutile. Pire, c’est contre-productif. Mais renouvelez vos pensées et changez de comportement. Ayez l’humilité de reconnaître que vous êtes passé à côté du but, et réajustez votre tir.

Dieu : le pouvoir sans abus

Surtout, j’aimerais mettre l’accent sur ce que Dieu fait aux brebis qui sont pauvres et blessées.

Il les prend lui-même en charge. Il s’en occupe lui-même.

Ça ne veut pas dire que les bergers ne servent à rien : ils servent à quelque chose quand ils sont vraiment au service des brebis. Ça ne veut pas dire que les brebis entre elles n’ont pas besoin d’être solidaires : si elles sont vraiment solidaires, on ne trouve aucune brebis qui crève de faim et les brebis en bonne santé prennent soin de celles qui ont une santé fragile.

Mais dans tous les cas, Dieu prend lui-même soin de vous.

Il vient combler nos manques, et c’est heureux, mais dans tous les cas il se tient près de vous et il vous relève, par son Esprit.

Il fait en sorte que personne ne soit isolé. Il réunit celles et ceux qui lui appartiennent. Et là, j’aimerais que vous répondiez à cette question : y a-t-il une seule personne au monde qui n’appartienne pas à Dieu ?

Notre rôle, à nous, simples brebis, c’est bien de veiller les uns sur les autres. C’est de prendre soin les uns des autres. Pas de rechercher notre propre intérêt, ou de créer un monde ou une Église à notre image. Et cette veille, et ce soin, ça peut prendre plusieurs formes.

A vous d’inventer de belles manières de vous mettre aux côtés des autres personnes qui n’ont pas vos capacités. Et alors, vous ferez la volonté de Dieu.

Note aux personnes visées

Si vous êtes une personnalité politique, ou si vous êtes une personne riche, ce message peut vous heurter au point de fermer vos oreilles. C’est dommage. En effet, ce message n’a pas pour objectif de vous assommer, mais de vous sensibiliser.

Il se peut que vous fassiez partie de ces personnes qui donnent le meilleur d’elles-mêmes et qui tentent de réconcilier la classe politique et la population. Il se peut que vous ne correspondiez pas à la description qui est faite de la classe politique dans ces textes.

Je suis persuadé qu’il existe des gens sincères dans toutes les couches de la société. Je sais aussi que beaucoup choisissent d’exercer le pouvoir plutôt que de servir les autres.

Mon désir, ma prière, c’est qu’un tel message vous permette d’examiner où vous vous situez, et vous encourage à encore mieux faire ce que vous faites, à mieux entendre la réalité des personnes les plus fragiles, et à mieux exercer vos responsabilités. Car si je ne crois pas que tout sont pourris, je ne crois pas non plus que tous sont des anges.

Aussi, que chaque personne s’examine elle-même, qu’elle examine ce message, et qu’elle retienne ce qui est bon !

Comments (1)

  • marc antoine

    29 juin 2022 at 14:32

    trés belle vision de ce message, malheuresement toujours et encore d’actualité.

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