Avertir les responsables…
Les personnes qui ont des responsabilités ont des comptes à rendre. Et c’est heureux : elles ont un mandat, une fiche de poste, et elles doivent mettre leur énergie à la mettre en œuvre. Cependant, certaines personnes n’assument pas leurs responsabilités. Faut-il les laisser tranquille ? La Bible, elle, nous encourage à avertir les responsables.
L’été, c’est une période pendant laquelle nous changeons de rythme. Même quand on travaille, on veille plus tard. On sort plus (+). On va voir des gens, et des gens viennent nous voir.
C’est aussi une période où, qu’on le veuille ou non, on fait le point sur notre histoire : le fait de revoir la famille ou les ami·e·s ça nous fait évoquer les souvenirs. On fait des petits bilans, de manière légère. Pas pour prendre de grandes décisions, mais pour simplement relire notre histoire et voir où on en est. Alors tranquillement, lisons pas à pas le texte de la première lettre de Paul aux Thessaloniciens, chapitre 5, versets 14 à 22.
Avertir les responsables, selon l’apôtre Paul
Avertissez ceux qui n’assument pas leurs responsabilités.
Une personne a reçu un mandat : politique, religieux, associatif, etc. Si le mandat est clair – s’il y a un contrat précis – alors nous sommes encouragé·e·s à nous y référer et à interpeller la personne si elle ne fait pas ce à quoi elle s’est engagée. Il faut distinguer ce qui est des obligations de la personne de ce que sont nos attentes. Il s’agit de dire la vérité, mais avec amour.
Bien souvent, nous restons dans la plainte : nous râlons entre nous parce que telle personne ne fait pas (bien) son boulot. Mais nous n’allons pas voir la personne pour lui expliquer ce qui, à notre avis, devrait être fait, et comment.
C’est normal : nous avons peur. Peur que l’autre ne nous aime pas, et peur aussi qu’il utilise son petit pouvoir pour nous nuire.
Il peut arriver que nous prenions notre courage à deux mains et le taureau par les cornes, et que nous allions confronter la personne responsable pour lui dire nos quatre vérités. La colère guidant nos pas, nos mots dépassent nos pensées et nous devenons les partisans d’un combat acharné où personne ne peut plus entendre l’autre, et où les oreilles se bouchent, mettant fin ainsi à toute possibilité de changement. Quand on ne se sent pas respecté, on devient sourd à la vérité.
Notre langue doit être maîtrisée, et nous devons faire le nécessaire pour que la personne soit capable d’entendre et de changer de comportement. La condamnation pure et simple ne produit jamais le changement que Dieu attend : ça ne produit que de la culpabilité, et ça ne sert à rien.
Avertir les responsables, et leur redonner du courage
Redonnez du courage à ceux qui sont abattus, venez en aide aux faibles, soyez patients envers tous.
Je ne vais pas revenir sur la question des personnes fragiles, vous savez toutes ces choses. Et ce passage s’applique aussi aux personnes fragiles. Mais…
Mais là, Paul dit que quand on fait remarquer à quelqu’un qu’il n’assume pas ses responsabilités, alors il risque d’être abattu. Découragé. Culpabilisé (même si vous y mettez les formes).
Attention aux pièges. J’en vois deux.
D’une part, on peut être tenté de minimiser le problème. Mais si la personne ne remplit pas ses obligations, il ne faut pas faire comme si elle les remplissait. Il est important de trouver le courage de dire les choses avec honnêteté.
D’autre part, l’amour qui habite en vous doit vous pousser à ne pas laisser la personne dans sa misère. Il se peut qu’elle aie besoin de votre soutien. Il se peut qu’à ce moment-là, elle ait besoin d’une amitié sur laquelle s’appuyer.
Et si j’ai parlé d’amour, Paul parle ici de patience. Il faut parfois du temps pour parvenir à accepter l’amour bienveillant de Dieu. Il faut peut-être encore plus de temps à une personne mandatée pour accepter que vous venez mettre les choses au point pour son bien, et pour le bien commun. Il faut du temps pour faire confiance à quelqu’un qui ne nous approuve pas. Ce n’est pas facile.
Et vous le savez : il faut du temps pour changer de comportement.
Chercher à faire le bien
Prenez garde à ce que personne ne rende le mal pour le mal, mais cherchez en tout temps à faire le bien entre vous et envers tout le monde.
Quand quelqu’un ne remplit pas son mandat, ça crée des frustrations, de la colère et souvent c’est le désir de vengeance qui s’infiltre dans le cœur. Là, vous avez un rôle : celui de décourager la mise en œuvre de la vengeance.
La colère est à entendre. Vous devez entendre votre colère. Vous devez entendre la colère de la personne blessée, même s’il s’agit de la personne qui n’assume pas ses responsabilités. Mais vous devez décourager la mise en pratique de cette colère.
« Tu as raison d’être en colère, et tu as raison de dire ta colère. Maintenant, voyons comment cette colère peut être dépassée ». Et vous le savez, ce n’est pas en passant à l’acte que la colère est apaisée, au contraire.
Il faut chercher d’autres moyens.
Ça prend du temps et de l’énergie. La paix est à ce prix. Nous devons nous encourager à faire le bien, tout le temps.
Ça peut paraître fatigant, dit comme ça, mais il est beaucoup plus fatigant de céder à nos pulsions, et ça aussi vous le savez (vous savez beaucoup de choses, dites donc).
Joyeusement responsables
Soyez toujours joyeux, priez sans cesse, soyez reconnaissants en toute circonstance. Voilà ce que Dieu demande de vous, dans votre vie avec Jésus-Christ.
Attention ici, il ne s’agit pas du tout de faire comme si les malheurs n’existaient pas. Il s’agit simplement, tout en reconnaissant tout ce qui ne va pas bien, d’apprendre à louer Dieu pour ce qui va bien.
Et là, moi, j’ai de la chance, je vous l’avoue. Je vis ma meilleure vie. J’ai beaucoup de chance.
Alors bien sûr j’ai beaucoup de soucis, et je ne parle même pas de l’atmosphère mondiale, socio-politique, où des gens dangereux prennent le pouvoir et le gardent, où des droits élémentaires sont retirés, et où on se rend compte qu’après s’être battu·e·s pour obtenir un semblant d’égalité entre les êtres, on doit non seulement lutter pour garder ces droits, mais nous sommes sidéré·e·s d’apprendre que dans beaucoup d’endroits dans le monde il faut reprendre la lutte depuis le début.
Ça n’en finit jamais. Il y a de quoi désespérer. Surtout quand ces choses arrivent soi-disant au nom de Dieu.
Eh bien au milieu de ces ténèbres, nous devons apprendre à louer Dieu pour ce qui va bien. Sans quoi, nous n’aurons que la force de la haine pour lutter, et ce n’est pas ce que Dieu veut.
Quand la personne mandatée ne se comporte pas bien, il faut aller la voir et il faut le lui dire, mais il faut aussi apprendre à louer Dieu pour les choses qu’elle fait bien. Ainsi notre critique n’est pas juste une parole à charge, mais elle peut aussi avoir un côté encourageant, ce qui est vraiment nécessaire, dans une relation.
Examiner et retenir, une attitude responsable
Ne faites pas obstacle à l’action de l’Esprit saint ; ne méprisez pas les messages reçus de la part de Dieu. Mais examinez toutes choses : retenez ce qui est bon, et gardez-vous de toute forme de mal.
Les gens qui ont un mandat apportent une parole. Paul nous dit là d’examiner cette parole.
EXAMINEZ.
Bien souvent, nous recevons sans rien examiner. Pourtant, Paul dit ailleurs « n’accordez pas foi à tout esprit ». Ça veut dire qu’on ne doit pas croire tout ce que dit une personne investie d’une autorité.
Les gens – même les pasteur·e·s ! – cherchent souvent, voire toujours, leur propre bien. Ça me semble inévitable. Du coup, vous devez examiner les informations qui vous sont données, voir si elles correspondent vraiment à ce que Dieu a mis dans votre cœur.
EXAMINER. Faire passer un examen. Quels sont les critères d’évaluation ? Je cite Romains 12 : Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Bon. Agréable. Parfait.
Un autre instrument de mesure, c’est le Royaume de Dieu : si quelque chose dans le message entendu ne colle pas avec la dynamique du Royaume, vous savez quoi en faire… Romains 14 : le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit. Donc, EXAMINER.
Et une fois que vous avez examiné, RETENEZ ce qui est bon. Tout n’est pas bon dans un message.
Retenez ce qui est bon. C’est ça l’important. Ne pas croire que tout est bon, mais examiner, pour séparer l’ivraie du bon grain. Et ne retenir que le bon grain.
Souvent, nous retenons tout, sans rien examiner. Parce que nous avons la flemme, ou parce que nous nous sentons incompétents. Mais nous pouvons faire nos propres recherches et c’est ça qui va édifier notre foi. Ensuite, si vraiment nous ne trouvons pas, nous devons nous souvenir que nous avons des sœurs et des frères qui peuvent nous aider à comprendre.
Mais parfois aussi, nous ne parvenons pas à trouver quelque chose de bon dans le message qui nous a été délivré. Là aussi, c’est un problème : avec cette attitude nous allons être cassant·e·s, méprisant·e·s et méchant·e·s.
EXAMINER et RETENIR ce qui est bon. Toujours. C’est assez exigeant en fait.
Être responsable, c’est exigeant
Exigeant, certes, et ce n’est pas de ça dont nous avons envie pour partir en vacances. Mais en même temps, c’est ce qui va nous aider à nous abstenir de toute forme de mal. Parce qu’être responsable, ce n’est pas une mince affaire. On n’accomplit pas un mandat les doigts dans le nez, et il ne faudrait pas croire qu’une personne peut s’en sortir seule.
L’idée, c’est bien de développer le travail d’équipe.
L’idée, c’est de réfléchir à la manière dont nous pourrions aider la personne en charge d’une responsabilité.
Aussi, demandez-vous comment vous pourriez aider la personne à accomplir ses engagements. Et une des manières de le faire, c’est de venir en amitié lui offrir votre critique.
Alors je vous laisse avec ça, en priant pour que vos vacances soient imprégnées de ce désir de justice et d’amour. Parce que c’est ce que Dieu a mis dans nos cœurs, à tous et à toutes, par son Saint-Esprit.
Et bonnes vacances !
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Comments (1)
Jean-Michel Ulmann
4 juillet 2022 at 18:47
Merci Lionel, pour que mes vacances ne soient pas eulement un état des lieux mais aussi un état d’esprit, ta prédication de ce dimanche 3 juillet sera le viatique m’accompagnera et, je l’espère, me guidera.
Fraternellement
Jean-Michel