Une vie de chien : 1. Sky
Dans cet article, j’ai envie de vous parler de mes toutous. Une vie, deux chiens… ça peut vite devenir une vie de chien. Mais ce n’est pas que pour le pire – même si l’expression ne permet pas de l’entendre ! Aujourd’hui je vais vous parler de Sky, et une autre fois je vous parlerai de Willy. Comme ça, vous saurez tout !
Au commencement, Sky…
D’abord… il y a Sky.
Sky qui est entrée dans ma vie en même temps que Léa, ma chérie. Sky qui m’a adoptée dès le premier regard, alors même que moi, vous savez, je préfère les chats. Un chien devrait le sentir, que je préfère les chats, non ? Alors ? Pourquoi m’a-t-elle aimé comme ça, dès le début ? Mystère de la canitude, insondable et c’est tant mieux.
Moi, j’étais gêné par tant d’affection, mais je suis comme je suis, et je ne rejette pas facilement l’amour qu’on me donne. Parce que je n’aime pas faire mal. Bon, des fois c’est nécessaire, quand ça devient trop envahissant, bien entendu, mais je n’aime pas ça. Parce que je n’ai jamais aimé être rejeté, enfant.
Bref. Je m’égare (Montparnasse).
Sky est une chienne très particulière. Petite (je ne l’ai pas connue petite, mais Léa m’a raconté), elle était débordante d’une énergie… étrange. D’abord, il faut savoir qu’elle n’a pas été sevrée, ce qui n’arrange rien en général. Du coup, sa maman ne lui a pas transmis les codes élémentaires de l’existence canine… comme, par exemple, savoir dire bonjour aux autres toutous, ou encore savoir ce qu’il convient de manger ou non…
C’est comme ça que Sky a déjà dévoré un canapé, avalant toute la mousse qui le constituait. C’est comme ça qu’elle a fait un trou dans le placo d’un appartement, parce que c’était plus fun que de passer par la porte. Un jour, le vétérinaire qui venait de lui faire une radio du ventre, a demandé à Léa : « Vous n’auriez pas perdu un chargeur de téléphone, par hasard ? » Elle avalait n’importe quoi.
Moi, je me demandais au départ dans quelle mesure ces histoires n’étaient pas exagérées. En juillet 2020 nous avons emménagé au presbytère de Chartres. C’était un grand jour, parce que c’est là que nous allions habiter ensemble de manière officielle, Léa, Sky et moi. Après une bonne journée de travail, on ouvre chacun notre bière, et le père de Léa fait tomber la capsule de sa bière par terre. Il n’a pas eu le temps de se baisser que déjà Sky l’avait avalée. Incroyable. On ne sait pas comment elle a échappé à l’occlusion intestinale…
Je l’ai aussi vue manger des vêtements (manger, c’est-à-dire avaler entièrement, entendons-nous bien). En conséquence de quoi elle avait des difficultés à faire sortir ce qui était entré. Je vous passe les détails.
Un phénomène
Toujours est-il que Sky, c’est un phénomène.
Sky est croisée Shar-pei et on-ne-sait-pas-quoi. On imagine qu’elle a du labrador, car il y a bien des similitudes, mais les vétérinaires hésitent, quand-même. Shar-pei, ça veut dire : « problèmes ». Il faut le savoir. On ne le sait jamais avant d’avoir un Shar-pei à la maison, mais il faut quand-même le savoir.
Le Shar-pei, vous savez, c’est ces chiens qui ont la peau tellement plissée qu’on dirait des bonshommes Michelin. Eh bien le problème est là : ils sont sujets à des maladies de la peau (dermatoses) qui n’existeraient que chez cette race de chiens. Déjà là on se dit qu’on a tiré le gros lot. Qui dit maladies de la peau, dit véto. C’est bien, ça rime. Et quand on découvre que l’alimentation (ainsi que l’environnement) du toutou accentue les problèmes de peau, je vous raconte pas la prise de tête…
Mais les Shar-pei ont aussi des problèmes au niveau des yeux. En effet, les paupières sont tellement plissées qu’ils développent des entropions, et chez les Shar-pei, ça veut dire : « opération ». Sky a été opérée toute petite, et depuis elle va mieux : elle ne fait que passer 1 heure par jour à se gratter les yeux contre le canapé pour soulager ses démangeaisons – ce qui est mieux que de ne plus rien voir du tout et de subir des inflammations de la cornée, voire des conjonctivites à répétition.
Surtout, ces chiens développent « la fièvre familiale du Shar-pei ». Une étude menée aux États-Unis indique que 23 à 28% des Shar-pei en sont atteints. Et devinez quoi ? Sky l’a développée, bien évidemment. Cette fièvre est une maladie inflammatoire héréditaire, caractérisée par une mauvaise régulation des voies normales de l’inflammation (crises d’hyperthermie, en dehors desquelles le chien ne présente aucun symptôme).
Lors de la crise, sa température peut atteindre 40 à 42 °C. Sky piétine, et son abdomen est tendu et douloureux, ses pattes gonflent et sont douloureuses. Et elle fait la gueule (en fait, elle est exténuée). La fièvre baisse spontanément en 12 à 36 heures, sans traitement. L’emmener chez le véto est une expédition éprouvante, car ça la met dans un état de stress insoutenable pour elle. Il faut se rendre compte qu’une crise peut tuer notre Sky, soit d’un coup, suite à une fièvre trop forte, soit à la longue, car elle atteint ses reins, ce qui laisse au chien une très faible espérance de vie.
Bref, un vrai bonheur.
L’intelligence
Sky est une chienne trèèèèèèèèèèès intelligente.
Par exemple, on dit qu’il faut appeler un chien d’une seule manière, et on peut éventuellement lui changer un peu son nom, mais il faut garder une sonorité similaire, et surtout utiliser la même intonation, si on veut qu’il réponde.
Sky, elle, ne connaît pas cette limite. Nous avons fait des tests, et quelle que soit l’intonation utilisée, elle répond aux noms de SKY, NOON, NOONY, DOUDOUILLE, BABINOUCHKA, PEPETTE, CHAMEAU… mais elle ne répond pas quand je l’appelle table, voiture, chérie, ou tout autre nom lancé en l’air, même avec une intonation intentionnelle. Non, elle sait quand c’est elle qu’on appelle et elle connaît ses p’tits noms.
Sky est aussi capable de comprendre des phrases complexes. Pas plus tard que lundi, nous avons perçu qu’elle faisait la différence entre « tu veux quelque chose ? » et « tu cherches quelque chose ? ». Dans le premier cas, elle abandonne ce qu’elle est en train de faire (car elle sait qu’elle va avoir du poisson séché ou un morceau de crème de gruyère), et dans le deuxième cas elle nous regarde comme pour dire : « Non mais tu m’as vue ? Je suis occupée, là ! »
A ce propos, on ne mesure pas l’intelligence d’un être vivant à sa capacité à obéir. Pour le dire autrement, le chien qui obéit le mieux n’est pas forcément le chien le plus intelligent. A l’inverse, on ne pourrait pas dire qu’un chien intelligent n’obéit pas. Ce n’est pas la capacité à (dés)obéir qui est un signe d’intelligence.
Et Sky, qui est très intelligente, n’obéit pas systématiquement. Elle n’est pas dans une logique de soumission / domination. Je me demande parfois si elle n’est pas un tantinet anarchiste, d’ailleurs. Sa logique, c’est la relation. Si vous parvenez à l’amadouer avec des friandises, c’est parce qu’elle a décidé de se laisser amadouer. Mais si elle n’en a pas envie, vous pouvez toujours vous brosser…
Sky le chat
Avec tout ça, je trouve que Sky, souvent, a le comportement d’un chat. La photo ci-dessus l’illustre à merveille, à mes yeux. Nous avions mis des bottes de paille pour délimiter notre potager. Original, oui. D’une part c’est moins de boulot que de mettre un grillage (surtout si on modifie l’espace et qu’on agrandit le potager), et d’autre part ça nous permet de pailler le jardin. Tout bénéf’ pour un bon entretien du sol. Et pour pas cher, en plus !
Mais la question des limites a atteint ses limites quand, au bout de 24 heures, nous avons vu Sky grimper sur la paille pour pénétrer dans le potager, ou plus simplement pour s’y allonger… comme un chat ! Je n’avais jamais vu un chien adopter un tel comportement. Et de se dorer la pilule, au soleil, sans mettre de protection solaire. Chercher la chaleur, coûte que coûte.
Question câlins, elle n’est pas en reste : elle vient les chercher quand elle veut, exactement comme un chat le ferait. Le plus souvent, elle préfère rester tranquille dans son coin, et elle passe le plus clair de son temps à dormir. Bref, il n’y a vraiment que pour sa promenade (1 heure par jour, c’est ce que nous lui imposons, mais elle se contenterait de beaucoup moins) qu’elle est motivée pour se lever.
Une vie de chien
Alors voilà. Moi qui ne suis pas très « chien », je me suis retrouvé l’ami de ce toutou adorable. C’est même un peu plus que ça : elle est notre fille adoptive, à Léa et moi. La manière dont nous concevons les êtres vivants nous permet de considérer Sky comme notre fille, tout-à-fait.
D’ailleurs, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’elle se sente bien, en sécurité et qu’elle ne manque de rien, exactement comme nous le ferions pour un être humain. Elle participe à l’ensemble de nos activités, sauf quand nous avons besoin de souffler (et alors, nous la mettons en colonie de vacances, chez une super nounou (cliquez sur le lien). Comme des parents.
Je vous passe les détails des problèmes de santé de Léa, car elle explique tout ça bien mieux que moi. Toujours est-il qu’elle a construit son activité professionnelle autour de Sky, puisqu’elle anime un e-commerce de produits pour animaux. Le nom de son commerce : NoonyMoon (là aussi, cliquez sur le lien pour voir sa boutique). En dehors du fait que c’est son activité et que sa boutique parle des produits qu’elle vend, Léa écrit aussi du contenu (blog) sur ce qu’il faut savoir sur les toutous et ses articles sont intéressants, accessibles et gratuits. Mais si je vous en parle, c’est surtout pour vous permettre de lire cet article, qui explique comment Sky a influencé les projets de Léa.
Vous le voyez bien maintenant : ma vie, depuis que Sky y est entrée, est devenue une vie de chien. Beaucoup de choses gravitent autour d’elle. Mais le pire est à venir, car il va falloir que je vous cause de l’arrivée de Willy, qui a mis du changement dans le changement. La vie est un long fleuve tranquille, qu’ils disaient…
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Comments (4)
Yann
11 décembre 2024 at 10:35
😊
Lionel Thébaud
11 décembre 2024 at 18:03
<3
Ulmann jean-Michel
17 décembre 2024 at 08:51
Voilà un article qui a du chien, c’est-à-dire de la tendresse, de la confiance et de la fidélité; A peu près ce que j’attends et reçois d’un pasteur; Ce qui prouve aussi que les chiens et agneaux et loups peuvent vivre heureux ensemble.
Et bonne pêche aux hommes chez Lionel
jmu
Lionel Thébaud
17 décembre 2024 at 09:55
hahaha et merci pour ce commentaire qui a du style !