Le ministère glorieux du Saint-Esprit
Dans la deuxième lettre de Paul aux Corinthiens, je vous invite à lire les versets 1 à 18 du chapitre 3. C’est un texte difficile, mais il évoque entre autres le ministère glorieux du Saint-Esprit. Ah je sais combien c’est pompeux, écrit comme ça ! Je sais que ça ne donne pas envie de lire ! Mais je fais du mieux que je peux…
Le ministère et les lettres de recommandation
Paul commence ici en parlant d’une histoire de lettres de recommandations. C’est que dans la communauté chrétienne de Corinthe, les gens sont divisés entre plusieurs figures spirituelles, et certains méprisent l’apôtre Paul.
Bah c’est comme ça.
Ça arrive.
On ne peut pas plaire à tout le monde, nous ne sommes pas sensibles aux mêmes choses, et il est normal qu’on apprécie tel ministère et qu’on apprécie moins tel autre ministère.
Mais là, dans cette communauté, ça va plus loin : Paul était vertement critiqué, et méprisé. Ce n’est pas juste une affaire de goûts ou de sensibilité, c’est une affaire vraiment politique. Au point que certains prenaient parti, en disant : « moi j’appartiens à Paul ! Moi à Apollos ! Moi à Pierre ! ». Et Paul rappelle gentiment que bon, ok, mais enfin l’essentiel ici c’est d’appartenir au Dieu de Jésus-Christ, et nos petites querelles internes ne sont que des enfantillages qui nous font rater le but. C’est en Christ que nous avons été baptisé·e·s, et c’est ce qui compte réellement. C’est ce qui fait notre participation à l’Église.
Au passage, voyez combien ça devrait nous faire considérer les autres Églises comme participant du même corps. L’unité de l’Église de Jésus-Christ se reflète dans l’acte du baptême.
Le ministère du Saint-Esprit, une affaire de cœur
Dans ce passage, Paul parle de ce que Dieu a déjà fait dans le cœur des croyants.
D’abord, Dieu a mis dans le cœur de Paul une confiance, une assurance : Dieu a écrit dans le cœur des Corinthiens une lettre, non pas avec de l’encre, mais avec son Esprit, attestant que Paul et son équipe étaient bien des ministres de Dieu.
Nous parlons ainsi en raison de la confiance que nous avons en Dieu par le Christ.
2 Corinthiens 3.4
En langage simple : Paul a confiance en Dieu dans le fait que ses interlocuteurs vont le reconnaître.
Conséquence : il choisit de faire confiance à ses interlocuteurs. Il les considère capables d’intelligence spirituelle, capables d’entendre ce que Dieu leur dit à son sujet. Et si j’extrapole, je me dis que Dieu a mis en nous une telle confiance dans nos frères et dans nos sœurs : nous sommes tous et toutes appelé·e·s à servir Dieu, et nous devons nous reconnaître mutuellement comme des ministres de Dieu.
C’est écrit dans nos cœurs.
Nous nous faisons confiance, parce que nous avons confiance en Dieu. Et cette confiance que nous avons reçue n’est pas quelque chose de superficiel, d’imaginaire ou de fabriqué : ça ne vient pas de nous, ça nous est donné par Dieu. Ce n’est pas par nos capacités propres : cette assurance nous vient de Dieu.
C’est lui qui nous a rendu capables d’exercer le ministère, et si nous ne trouvons pas que cette confiance nous habite, il nous faut la rechercher dans la prière, car Paul affirme que Dieu nous l’a déjà donnée.
La Loi, l’Esprit, leur ministère et leur gloire
Paul met l’accent sur la Loi, ou la lettre, qui tue, et sur l’Esprit qui donne la vie.
Si nous nous jugeons les uns les autres selon la Loi (la loi du bon comportement, la loi du mérite, la loi de la parole absolument exacte), alors personne – personne – ne peut être digne d’exercer un quelconque ministère. Nous aurons toujours un défaut. Nous faillirons toujours quelque part.
Mais l’Esprit ne regarde pas nos capacités ou nos compétences. L’Esprit regarde à l’appel, la vocation qu’il met lui-même dans nos vies et dans nos cœurs.
Comment reconnaît-on notre appel ? Il y a 2 critères : d’un côté, je reçois un appel (c’est donc un désir, une conviction, même si ça me semble farfelu) et d’un autre côté il y a une reconnaissance de cet appel par les autres (la communauté voit l’appel que j’ai reçu). S’il manque un de ces deux éléments, on peut douter de l’appel.
Et l’appel, ce n’est pas les autres qui vous forcent à faire ce que vous ne voulez pas faire ! Il y a cependant des exceptions, parce que parfois on découvre son appel lorsque nous sommes mis devant le fait accompli, mais c’est tellement rare qu’il est hors de question d’en faire une règle.
Et donc, cet appel, c’est Dieu qui l’a déjà donné, dans nos cœurs, sans que nous ayons jamais rien fait pour le mériter. Non pas selon la loi, mais selon l’Esprit.
Le ministère de la justification
L’Esprit de Dieu nous rend juste.
Si le texte écrit,
qui a pour résultat de mener à la mort,
est apparu avec une telle gloire,
combien plus glorieuse doit être l’œuvre de l’Esprit !
Le texte écrit qui condamne a été entouré de gloire ;
combien plus glorieuse est la révélation de ce qui rend juste !
2 Corinthiens 3.7-9
C’est la justification : nous ne méritions rien de bon, et malgré ça, Dieu veut nous considérer comme des personnes justes, sans pour autant ignorer ce que nous faisons de mal. La justice de Dieu n’est pas vraiment comparable à la justice des êtres humains.
Aussi, il n’y a plus de condamnation pour celles et ceux qui sont en Christ, dit Paul dans sa lettre aux Romains.
Plus de condamnation, de culpabilité, d’incapacité.
Ça ne veut pas dire qu’on est les plus forts, ça veut juste dire qu’on est à sa place et qu’on fait du mieux qu’on peut. Donc, nous ne sommes plus dans la performance.
L’Esprit fait de nous des justes.
Et je sais combien il est difficile d’accepter d’être accepté, quand on se sait inacceptable. Mais Dieu a déjà fait le job, et renouvelle ce travail chaque jour en nous, pour que nous finissions par accepter d’avoir été justifiés.
Le ministère glorieux du Saint-Esprit
Et ces choses que je viens d’exposer, c’est le ministère glorieux du Saint-Esprit, selon Paul.
C’est le Saint-Esprit qui opère tout ceci en nous, pour que nous parvenions à la prise de conscience que Dieu nous aime tel·le·s que nous sommes, sans que nous ayons besoin de paraître autres que ce que nous sommes, pour que nous vivions ouvertement avec nos forces et avec nos faiblesses, pour que nous assumions nos limites et nos compétences, pour que nous restions vrai·e·s les uns, les unes, et les autres, sans porter de voile, sans porter de masque de théâtre, sans porter de déguisements, mais pour que nous nous tenions dans la vérité de notre être intérieur, dont Dieu est la source.
C’est le ministère glorieux du Saint-Esprit que de nous permettre de nous présenter aux autres sans les fioritures auxquelles notre milieu social nous pousse à nous soumettre, sans ces obligations de paraître, sans cette pression de toujours faire croire que nous sommes sans faille et sans faiblesse (ou bien faire croire que nous n’avons pas de qualités, ce qui n’est pas mieux).
Et vous remarquerez qu’il est écrit :
Là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté.
2 Corinthiens 3.17
La liberté de quoi ? D’être soi-même, en vérité, devant Dieu et devant les autres.
Un ministère glorieux
Pour finir, parlons de la gloire. C’est un mot important dans notre passage, puisqu’il est présent 12 fois.
La gloire de Dieu, qu’est-ce que c’est ?
Dans notre texte, Paul prend un exemple bien particulier pour illustrer ça. On trouve cet épisode dans le livre de l’Exode, au chapitre 34, les versets 29 à 35.
Alors, quel terme est employé ici dans l’hébreu pour décrire cette gloire ? C’est là que c’est drôle : on ne parle pas de gloire. Le mot ne s’y trouve pas.
On trouve juste un mot qui signifie rayonner, briller, et qui trouve son origine dans le mot « cornes ».
Beaucoup de peintres et de sculpteurs ont représenté Moïse avec des cornes, et ça n’a rien à voir avec ce que faisait son épouse…
Dans l’antiquité du Proche-Orient ancien, les cornes sont le symbole de la puissance royale. C’est la raison pour laquelle on représentait les divinités et les rois avec des cornes. Voilà qui ne simplifie pas la compréhension du texte.
Paul dit que la loi est glorieuse, mais que l’Esprit est bien plus glorieux.
En s’appuyant sur Jean 17, ce passage où Jésus prie pour l’unité de l’Église et pour que Dieu soit glorifié, on entend que la gloire de Dieu, c’est le poids de son amour. Tu les as aimés comme tu m’as aimé, dit Jésus à son Père. Je leur ai fait connaître ton nom et je leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux,.
Et dans ce passage de la lettre aux Corinthiens, on sent que le ministère glorieux du Saint-Esprit est lié à ce poids d’amour de Dieu, lié au don de la grâce.
La grâce est d’ailleurs un mot complètement absent de ce passage, mais il est là, en filigrane, puisque comme je l’ai dit, Paul évoque tout ce que l’Esprit de Dieu a donné au préalable. Cette grâce qui nous est faite d’être acceptés tel·le·s que nous sommes.
Le ministère de la transformation
il y a quelque chose qui me semble extraordinaire, quelque chose qui m’encourage et qui me fait un bien fou. C’est quelque chose qui m’émerveille et me stimule. C’est le verset 18 :
Nous tous, le visage dévoilé,
nous contemplons en Christ, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur ;
ainsi, nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur,
et nous passons d’une gloire à une gloire plus grande encore.
Voilà en effet ce que réalise le Seigneur, qui est l’Esprit.
Ce que j’en comprends, c’est que lorsque nous contemplons la gloire de Dieu – c’est-à-dire le poids de son amour qui nous est donné par grâce !, alors nous sommes transformés, de gloire en gloire, à l’image du Seigneur.
C’est l’Esprit du Seigneur qui réalise ça, et moi, je n’ai rien à faire pour lui ressembler.
Sinon m’émerveiller de son amour.
Et quand nous faisons ça, ça écrit en nous, dans nos cœurs, cette lettre de recommandation dont Paul parle au début. Nous, habité·e·s par son amour, sommes capables de nous reconnaître comme étant des ministres de Dieu. Parce que Dieu habite en nous et nous habilite.
Dites voir, c’est pas un peu fou cette histoire ?
Si, c’est fou.
Et si ça ne l’était pas, nous ne serions pas là, ni vous, ni moi, à chercher à servir Dieu et les frères et les sœurs.
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