Lettre lue à S. au moment de son baptême : l’hymne à l’amour
Ce qui suit est l’adaptation du message donné lors d’un culte avec baptême d’un enfant, S., âgé de cinq ans et demi.
L’amour est patient et bon,
il n’est pas envieux,
ne se vante pas et n’est pas prétentieux ;
l’amour ne fait rien de honteux,
n’est pas égoïste,
ne s’irrite pas et n’éprouve pas de rancune ;
l’amour ne se réjouit pas du mal,
il se réjouit de la vérité.
En toute circonstance il fait face,
il garde la foi,
il espère,
il persévère.
1 Corinthiens 4.4-7.
Ce texte, que nous venons de lire, est le texte qui a été choisi par les parents de S. L’hymne à l’amour, comme on appelle souvent 1 Corinthiens 13, est l’un des textes les plus connus de la Bible, et j’ai l’impression que plus on le commente, et plus on découvre des choses. Si tes parents ont choisi ce passage, S., c’est parce que ça parlait à leur cœur : en le lisant, ils se sont dit « voilà ce que nous essayons de vivre dans notre famille » ! Et franchement, est-ce que ce n’est pas un beau texte pour un baptême ?
Le monsieur qui a écrit ce passage sur l’amour s’appelait Paul. Il faisait partie de ces gens qui racontaient la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Dans beaucoup d’endroits, des gens ont reçu la foi et ont décidé de se rassembler en église, pour prier ensemble et parler de Dieu. Une de ces églises se trouvait à Corinthe, en Grèce. L’église de Corinthe était une église un peu compliquée : il y avait des bagarres. Il y avait des gens qui disaient « moi j’ai raison », et d’autres qui disaient « non, c’est nous qui avons raison ». Et puis il y avait même un troisième groupe qui disait « vous avez tous les deux tort ». Bref. C’était pas sympa comme ambiance. C’est pour ça que Paul leur explique ce que c’est que l’amour. Il se peut, S., que parfois, dans ta maison, il y ait des disputes, entre ton frère et toi par exemple ! Ça n’est jamais simple de vivre avec les autres. Je veux te rassurer : des disputes il y en a partout, chez tout le monde. Et ce que dit Paul ici, ça peut peut-être nous aider.
Que dit Paul, donc ? Il dit que l’amour est patient et bon. L’amour n’est pas envieux (ça veut dire qu’il n’y a pas de jalousie en amour), qu’il ne se vante pas et qu’il n’est pas prétentieux (ça veut dire par exemple que quand on aime, on ne dit pas des trucs comme « ah ! Tu vois ! J’avais raison ! » ou qu’on ne dit pas non plus « moi je sais mieux aimer que toi »). L’amour ne fait rien de honteux (ici ça veut surtout dire que quand on aime quelqu’un, on ne lui fait pas du mal exprès), il n’est pas égoïste, il ne s’irrite pas (ça veut dire qu’on ne se met pas en colère contre quelqu’un qu’on aime. Le mot de colère, ici, veut dire de grandes colères, tu sais, comme quand on est tellement pas content qu’on a envie de détruire l’autre. Ça, quand on aime, on ne ressent pas ça, dit Paul). L’amour n’éprouve pas non plus de rancune : quand on aime, on pardonne. L’amour ne se réjouit pas quand il arrive du mal à l’autre, l’amour est content quand on dit la vérité, l’amour regarde les choses en face, il garde la foi, il espère et il persévère. C’est beau ça ! L’amour selon Paul c’est quelque chose… d’un peu idéaliste ! Franchement, S., moi, il y a des gens que j’aime énormément. Mais parfois, il m’est arrivé de me mettre gravement en colère contre ma maman par exemple quand j’étais petit. Il m’est arrivé d’être jaloux d’une personne que j’aimais. Il m’est arrivé de ne pas pardonner, aussi. Et pourtant, j’aimais ces personnes…
Que veut nous dire Paul ? Il veut nous dire que si nous aimons quelqu’un, alors nous devons améliorer la qualité de notre amour. Parce que l’amour ne se contente pas d’être comme il est : il veut faire mieux. Il veut s’améliorer. C’est comme quand tu fais un dessin. Si tu veux dessiner un chien, tu vas prendre Ursulla comme modèle (Ursulla, c’est sa chienne – trop mignonne !). Ton dessin ne va peut-être pas ressembler exactement à ton chien ! Mais si tu t’entraînes – et c’est ce que font tous ceux qui dessinent – les gens vont finir par être émerveillés de reconnaître ton chien ! Parce que quand on s’entraîne on s’améliore. Avec l’amour, c’est pareil. Mais pour dessiner l’amour dans nos vies, qui on va prendre en exemple ?
Paul nous décrit l’amour de Dieu pour nous. Tout ce que nous avons lu, jusqu’à présent, nous parle de la manière dont Dieu nous aime. C’est pour ça que ça nous semblait être l’amour « idéal ». Je reprends quelques trucs, pour que nous puissions bien comprendre : l’amour de Dieu est patient et bon envers nous. Nous sommes parfois très lents, mais Dieu est patient. Dieu n’est pas jaloux : ce que nous avons, il n’en a pas besoin. Il ne se vante pas et n’est pas prétentieux. Dieu ne vient jamais nous rabaisser et nous faire honte. Dieu ne nous envoie pas le malheur, il n’est pas égoïste, il ne se met pas en colère et il nous pardonne. Dieu n’est pas content quand le malheur nous tombe dessus, mais il est content quand la vérité est en nous. Etc. Tu vois – vous voyez – l’amour tel que Paul nous en parle est un objectif qui nous rappelle ce message de Jésus : « Comme Dieu le Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour. » Nous sommes encouragé·e·s à apprendre à aimer les autres comme Dieu nous aime.
Le baptême que je viens de te donner au nom de Dieu est le signe que Dieu t’aime d’un amour sans limite. Il t’aime depuis toujours. Avant même que tu saches parler, ou penser, avant même que tu fasses quelque chose de bien ou quelque chose de mal, Dieu t’aimait. Quand tu fais une bêtise – parce que je suis sûr qu’il t’arrive de faire des bêtises ! – et bien Dieu n’arrête pas de t’aimer. Dieu n’est pas toujours d’accord avec ce que tu fais, mais il n’arrête pas de t’aimer. Parce que c’est comme ça. Le baptême dit que Dieu t’aime fort comme ça. Et à chaque fois que tu te rappelleras de ton baptême, tu te souviendras que Dieu t’aime comme ça. Mais le baptême c’est aussi pour toi un désir de montrer à Dieu que tu l’aimes. C’est pour toi comme les premiers pas d’un chemin de foi. Dieu te demande d’essayer d’aimer les autres un peu plus fort, d’essayer d’aimer les autres comme Dieu t’aime. Ça ne veut pas dire que tu doives aimer ce que les autres font – les autres font des choses insupportables parfois. Ça veut surtout dire que toi, tu ne dois rien faire dans le but de faire du mal aux autres. C’est valable pour les êtres humains que tu croises, et c’est valable pour les animaux aussi, même pour tout ce que Dieu a créé.
Tes parents m’ont dit qu’ils essayaient de transmettre ces principes de l’amour en famille. Peut-être que parfois tu trouveras que c’est n’est pas tout-à-fait ça, que ce n’est pas parfait, et c’est normal. Tu l’as déjà remarqué : on essaye, mais souvent ce n’est pas aussi bien que ce qu’on aimerait. C’est comme quand on dessine. On y met de l’énergie, on s’applique, et le résultat n’est pas à la hauteur de nos espérances. Tu essayes de dessiner ton chien, et les gens croient que tu as dessiné un ours. Mais le résultat, ce n’est pas ce qu’il y a de plus important. Ce qui est important, c’est le cœur avec lequel tu fais les choses. Ce qui est important, c’est le cœur avec lequel tes parents essayent de vivre cet amour.
Alors S., quand tu as l’impression que ton entourage n’est pas à la hauteur de l’amour que tu attends d’eux, sois patient, sois bienveillant, pardonne, ne te mets pas dans une colère incontrôlable. Et quand tu as l’impression que tes efforts ne sont pas à la hauteur de ce que tu voudrais donner, fais face, garde la foi et persévère. Ta famille est là pour te soutenir dans cette démarche, et bien sûr il y a tes parrains, qui se sont engagés à t’accompagner sur ton chemin spirituel. N’oublie pas qu’une communauté de croyants et de croyantes t’a accueilli. Tu as ta place ici, elle t’est réservée et personne ne pourra te la prendre. Cette communauté s’est engagée prier pour toi, comme elle s’était engagée à prier pour ton frère lorsqu’il s’est fait baptiser. Un jour, peut-être, tu auras envie de confirmer ta foi. En général la confirmation se fait entre 13 et 17 ans, mais ça dépend des personnes. Quand tu te poseras des questions à ce sujet, n’hésite surtout pas à prendre contact avec un pasteur – ce sera peut-être encore moi, mais peut-être pas.
Mais le plus important à retenir, pour ta vie de foi, c’est vraiment ça : Dieu t’aime d’un amour incroyable. Et ça, il faut que jamais tu ne l’oublies, parce que c’est solide, et c’est là-dessus que tu peux construire ta vie. Et tout au long de cette prédication je me suis adressé à toi personnellement, mais je suis certain que toutes les personnes qui m’ont écouté ont compris que je m’adressais aussi à elles. Je prie pour que Dieu nous aide à mettre son amour en pratique dans nos vies.
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