La confession

4 août 2020Lionel Thébaud

J’ai récemment regardé le film La confession, réalisé par Nicolas Boukhrief et sorti en salles en 2016. Romain Duris y joue le prêtre Léon Morin, et Marine Vacth y joue Barny, jeune femme qui vient défier le prêtre par son scepticisme. En voici le résumé, trouvé sur la page Wikipédia qui lui est consacrée :



Sous l’Occupation allemande, dans une petite ville française, l’arrivée d’un nouveau prêtre suscite l’intérêt de toutes les femmes… Barny, jeune femme communiste et athée, ne saurait cependant être plus indifférente. Poussée par la curiosité, la jeune sceptique se rend à l’église dans le but de défier cet abbé : Léon Morin. Habituellement si sûre d’elle, Barny va pourtant être déstabilisée par ce jeune prêtre, aussi séduisant qu’intelligent. Intriguée, elle se prend au jeu de leurs échanges, au point de remettre en question ses certitudes les plus profondes. Barny ne succomberait-elle pas au charme du jeune prêtre ?



Ce film est une adaptation du livre de Béatrix Beck, Léon Morin, prêtre, édité en 1952, dont une première adaptation cinématographique avait été réalisée en 1961 par Jean-Pierre Melville.

J’avais un peu peur d’une histoire d’amour « fleur bleue » : je déteste ça. Là, j’ai été agréablement surpris : j’ai eu affaire à une femme qui, tombée amoureuse de ce prêtre et ne sachant pas si son mari parti à la guerre était encore vivant, cherche à se rapprocher du curé, sans parvenir à le faire céder. Pourtant, il y a bien de l’amour entre ces deux-là. Mais l’histoire d’amour sert un projet plus grand : il s’agit de discuter d’une conception de Dieu qui ne soit pas le rabâchage du catéchisme d’antan.

Ainsi, la jeune communiste discrédite le catéchisme appris, et le prêtre, de manière étonnante, lui donne raison, et parle de Dieu tel qu’il le perçoit. Moi, en tant que protestant, je n’ai rien trouvé à redire aux arguments de Léon Morin. Et rien à redire non plus aux critiques de Barny. J’ai cependant trouvé que les échanges entre ces deux oiseaux relevaient plus d’une fiction anachronique que d’une discussion plausible sous l’Occupation. En effet, il y a de très faibles probabilités qu’un prêtre (ou même un pasteur !) aie pu soutenir à cette période de l’histoire une théologie qui semble si fortement imprégnée de la théologie du Pape François ! A titre d’exemple, Léon Morin demande à Barny si ce ne serait pas plus simple pour elle d’aller voir ce qui se passe chez les Protestants, persuadé que cette religion conviendrait mieux à ses convictions. Je mets ma main à couper que cette ouverture œcuménique n’était pas envisageable à l’époque.

J’ai trouvé que le jeu d’acteurs était bon. La réalisation m’a semblé un peu moins bonne, notamment avec des personnages plutôt caricaturaux (je pense aux postières, collègues de Barny, ou encore aux officiers allemands). A la limite, même Léon Morin peut paraître caricatural dans sa position de prêtre – la caricature d’un ministre du culte dont on voudrait donner une image impeccable. Je pense aussi à quelques expressions de langage qui me semblent anachroniques.

Ceci étant, je ne me suis pas ennuyé une seconde. Sans doute parce que le sujet m’intéresse de près et que le film n’est pas tombé dans une sorte de mélasse romantique. Comme je l’ai dit, la vision de Dieu évoquée dans le film est assez proche de la mienne (contrairement à ma vision de l’Église !), et j’ai trouvé que certaines discussions avaient une intelligence que j’ai peu rencontrée dans le cinéma.

Je peux donc parler très positivement de ce film, notamment aux personnes qui chercheraient à réfléchir aux questions de la foi. Cependant, pas à des personnes qui chercheraient à comprendre la réalité de ce que vivaient les personnes pendant l’Occupation. Du point de vue historique, l’œuvre me paraît plutôt très légère et peu intéressante.



Comments (2)

  • David Steward

    6 août 2020 at 11:48

    C’est sous l’occupation, justement, que le mouvement œcuménique a pris vigueur, en particulier au retour des camps de prisonniers où aumôniers catholiques et protestants ont pris conscience de l’absurdité des divisions….

    1. Lionel Thébaud

      6 août 2020 at 12:12

      Oui bien entendu, mais… était-on en mesure, alors, de formuler de tels propos? Aussi ouverts? J’ai quand-même du mal à y croire. A moins d’avoir des témoignages de première main.

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