Habitée par le Souffle
Marie de Magdala, que nous connaissons mieux en France sous le nom de Marie-Madeleine, va nous inspirer (c’est le cas de le dire !) pour comprendre ce que peut signifier être habitée par le Souffle de Dieu, en cette période de Pentecôte.
Marie est née à Magdala, tout près du lac de Galilée. On peut lire dans l’Évangile selon Luc qu’elle a été bouleversée par ce que Jésus disait. Ça a tellement changé sa vie qu’elle s’est mise à le suivre. Elle faisait partie du groupe qui accompagnait Jésus partout où il allait.
Dans ce groupe, il y avait les Douze, mais il y avait aussi bien d’autres personnes qui utilisaient ce qu’elles possédaient pour soutenir le ministère de Jésus. Elle est décrite comme une servante de Jésus. Ça veut dire qu’elle se mettait, elle et ce qu’elle possédait, au service de Jésus. Un peu comme nous quoi. C’est pour ça qu’on peut dire que Marie de Magdala était une disciple de Jésus.
Marie de Magdala dans les textes
Le moment où on parle le plus de Marie de Magdala, c’est au moment de la crucifixion de Jésus. Matthieu et Marc disent que Marie a assisté de loin au supplice que Jésus a enduré. Mais Jean, lui, fait de Marie de Magdala le témoin immédiat de la crucifixion, puisqu’il indique que Marie se tenait près de la croix.
Et enfin on retrouve Marie de Magdala au tombeau (lire Jean 20.1-18) : elle trouve le tombeau ouvert et vide. Elle s’inquiète de savoir où est le corps et elle court chercher Pierre et le disciple que Jésus aimait. Ils viennent, constatent que le tombeau est vide et retournent chez eux. Marie reste près du tombeau, triste, et elle pleure.
Marie est la première à rencontrer Jésus le ressuscité. Elle voit un homme – elle croit que c’est le jardinier, mais c’est Jésus – qui lui pose deux questions : Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Puis Jésus l’appelle par son nom : Marie ! Là, Marie la disciple reconnaît son maître. Jésus le ressuscité se révèle à Marie, et Marie croit.
Et Jésus lui confie une mission : va témoigner auprès de mes frères, et dis-leur « Je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu ». Alors, Marie va jouer ce rôle de témoin.
3 choses, donc : Marie est la première à qui le ressuscité se révèle. Marie est la première à croire en Jésus le ressuscité. Et Marie est le premier témoin de l’histoire de Jésus le ressuscité.
Une disciple habitée par le Souffle
Marie de Magdala est une disciple de la plus haute importance.
Mais nulle part dans les Évangiles ont ne dit que Marie ait reçu le Saint-Esprit. C’est quelque chose qui m’étonne. Mon étonnement est renforcé par le fait qu’en dehors des évangiles on ne parle plus de Marie de Magdala : ni dans les Actes, ni dans les lettres.
Le Saint-Esprit, c’est la force qui nous transforme pas à pas pour façonner notre cœur, et pour faire en nous et par nous ce que Dieu a pour projet de faire. Un des projets de Dieu c’est d’être des témoins de l’amour de Dieu. Or, que voit-on ? Que Marie est le premier témoin, puisqu’elle donne le témoignage de l’amour de Dieu manifesté en Jésus le Christ aux Douze qui sont enfermés dans une maison, parce qu’ils sont désemparés et sans espoir après la crucifixion. C’est elle qui va frapper à la porte de cette maison et dire : « J’ai vu le Seigneur ! »
La question que je vous pose, c’est : peut-elle avoir vécu ces choses sans avoir été remplie du Saint-Esprit ?
Je vous laisse libres d’assumer votre réponse. Mais ce que je lis, moi, c’est que toute personne qui suit Jésus, qui désire marcher dans ses pas, ont reçu l’Esprit de Dieu. Dans les Actes, on nous rappelle cette vieille prophétie, qui dit : « Je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes en ces jours-là ».
Le Souffle de Dieu dans la Bible
Il existe de nombreux endroits, dans la Bible, où l’on évoque le Souffle de Dieu qui vient habiter dans les êtres humains. J’évoque ici quelques textes, mais il en a bien plus. Cette évocation ne sert ici qu’à appuyer mon propos (ce n’est pas une étude biblique).
J’ai déjà évoqué quelques uns de ces textes dans mon article précédent. Voici de nouveaux textes, pour votre plus grande joie ! On a Philippe, Pierre et Jean qui sont en Samarie et qui prient et les croyants reçoivent l’Esprit Saint, nous dit le texte d’Actes 8. Et puis dans Actes 19, Paul rencontre des disciples de Jean le Baptiseur. Il prie pour eux et ils reçoivent le Saint-Esprit.
L’apôtre Paul, dans ses lettres, répète souvent ce que signifie être rempli de l’Esprit, et il indique que la vie chrétienne normale, c’est d’être rempli de l’Esprit de Dieu. Il y a bien trop de références à écrire pour que mon article reste lisible.
On trouve aussi ce type de phénomène dans le premier testament, avec des personnages qui sont saisis par le Souffle de Dieu et qui commencent à prophétiser, par exemple. C’est un sujet passionnant pour une étude personnelle de la Bible, si vous le souhaitez. Avec votre moteur de recherche préféré, c’est assez simple de retrouver les références bibliques.
Pentecôte, la fête la plus importante de l’histoire de l’Église
En étudiant tous ces textes, certains vont jusqu’à dire que l’événement le plus important dans l’histoire, ce qui devrait nous obnubiler, quand nous sommes chrétiens, ce n’est pas l’événement de Pâques, c’est la Pentecôte !
Pâques, pour ces gens, marque le passé : il s’est passé quelque chose dont nous faisons mémoire. Tandis que Pentecôte nous parle d’aujourd’hui et nous met en mouvement vers demain, c’est-à-dire vers la réalisation du Royaume de Dieu. Ces personnes disent que la vie chrétienne n’est pas un musée du souvenir, mais une vie vivante.
Je leur donnerai volontiers raison.
Mais là où je me démarque de cette position théologique, c’est que pour moi, Pâques et Pentecôte ne font qu’un. Il n’y a pas de Pentecôte sans résurrection, et il n’y a pas de résurrection sans mort sur la croix. De la même manière que l’amour de Dieu pour nous précédera toujours le baptême.
Ces choses sont une seule et même chose, et on ne peut pas penser la vie dans l’Esprit sans penser en même temps l’événement de Pâques. Pire encore, on ne peut pas penser la vie de l’Esprit sans penser la vie de Jésus, et la vie de ses disciples, et même l’histoire des humains telle qu’elle nous est présentée dans le premier testament ! J’hésite à trop séparer des événements bibliques qui sont reliés les uns aux autres, justement, par le Souffle de Dieu !
Toute la Bible, au fond, nous invite à penser une vie spirituelle. Et toute la bible nous enseigne que l’Esprit de Dieu est l’agent divin qui nous transforme de l’intérieur pour nous donner la responsabilité de nos actions. En bref, on ne peut pas suivre Jésus sans être habité·e·s par l’Esprit de Dieu. C’est l’enseignement biblique.
Il y a comme un vide…
Pourquoi alors Marie de Magdala n’est-elle pas désignée comme ayant reçu l’Esprit ?
Je n’en sais rien.
Mais je me dis que de toute façon, c’est l’Esprit qui nous révèle que Jésus est le Christ. C’est par l’Esprit qu’on peut le servir. Et surtout, c’est par l’Esprit de Dieu que nous sommes rendu·e·s capables d’être les témoins du ressuscité.
Comme je l’ai dit, Marie est le premier témoin. Elle est celle qui a été envoyée (envoyé, en grec, se dit « apostolos », c’est-à-dire « messager », ou « apôtre ») pour annoncer le message de la Bonne Nouvelle aux autres disciples, et c’est pour ça que les chrétiens ont appelé Marie de Magdala « apôtre des apôtres ». En tant que femme disciple, on la nomme toujours avant les autres femmes disciples. Elle a la même place que Pierre peut avoir parmi les disciples hommes.
En langage clair : si Pierre est le premier des disciples masculins de Jésus dans les Évangiles, Marie est la première des disciples féminines.
Mais surtout, les récits qui concernent Marie de Magdala se concentrent sur une chose. Une chose tellement importante, dans la vie chrétienne, que je consacre un paragraphe entier rien qu’à cette chose.
Un Souffle d’amour
Cette chose, c’est l’amour de Marie pour son Sauveur.
Je l’ai dit, elle était tourmentée, Marie, et quand elle a croisé le chemin de Jésus, elle a été délivrée de ce qui la tourmentait. Elle a été transformée de l’intérieur, et ça s’est vu à l’extérieur. Et cette transformation lui a tellement fait du bien qu’elle a aimé Jésus de tout son cœur. Comme un disciple aime son maître.
Cet amour, c’est ce qui a poussé Marie à servir Jésus avec tout ce qu’elle avait. Cet amour, c’est ce qui a poussé Marie à être à la croix, à regarder le supplice de Jésus. Je l’imagine pleurant toutes les larmes de son corps, incapable de soulager les souffrances de Jésus. Qu’est-ce qu’elle a dû se sentir inutile, à pleurer, là, au pied de la croix.
Pourtant, la présence de Marie était le seul soulagement qu’elle pouvait lui apporter : « regarde Jésus, je suis là, je t’aime et je souffre avec toi ».
Marie était centrée sur la souffrance de celui qu’elle aimait, pas sur sa propre souffrance. D’autres disciples, plus centrés sur leur propre souffrance ou sur leur peur, n’ont pas pu rester à la croix, voire n’y ont pas mis les pieds. Marie, par amour, se tenait là.
Et cet amour, c’est ce qui l’a amenée au tombeau pour embaumer le corps de Jésus.
Au tombeau
Marie de Magdala est inquiète de voir le tombeau vide, elle pense qu’on a volé le corps de Jésus. Alors elle court pour dire à quelqu’un que le tombeau est vide et qu’elle ne sait pas où est le corps. Elle est affolée, elle a peur, et elle n’a même pas pu faire ses adieux au corps de celui qu’elle aimait tant, celui qui était son sauveur.
Deux disciples viennent voir le tombeau vide, ils constatent, mais ils ne voient rien. Ils retournent chez eux.
Marie reste.
Elle reste parce que c’est le seul moyen pour elle de pleurer celui qui a disparu de sa vie. Le seul moyen de vivre l’absence, de vivre le deuil. Elle reste, parce que son amour pour Jésus est si grand qu’elle ne peut pas rentrer chez elle comme ça. Elle ne peut pas tourner la page.
Ça va prendre du temps et que ce sera difficile, elle le sait bien, mais elle veut rendre cet hommage à son bien-aimé.
Et c’est comme si le ressuscité était attiré par la qualité de cet amour. Jésus aurait pu apparaître à n’importe qui, n’importe quand, n’importe où. Mais c’est à Marie qu’il apparaît, au moment où elle le pleure, dans ce jardin. Attiré par l’amour de sa disciple.
Conclusion
Ce que nous tenons, là, en lien avec Marie de Magdala, dite Marie-Madeleine, et avec le Saint-Esprit, c’est d’une part que les disciples, tous les disciples, ont reçu le Saint-Esprit.
D’autre part, que cet Esprit nous rend capables d’aimer Jésus au point de renoncer à nos privilèges – quels que soient ces privilèges : évidemment on pense à l’argent, mais on peut parler du temps dont nous disposons, de l’influence que nous avons dans la société ou dans un groupe particulier, de notre autorité, de notre puissance, de notre culture, de nos diplômes, de nos capacités à faire ceci ou cela – de renoncer à nos privilèges, donc, pour mettre nos dons au service de Dieu, par amour pour Jésus.
Les disciples se reconnaissent à ça : ils aiment tellement leur Sauveur qu’ils ne cherchent pas leur intérêt, mais qu’ils mettent leurs dons au service de Dieu.
Et si l’événement de Pentecôte a eu lieu, dans notre tradition, dans la chambre haute, c’est peut-être parce qu’avant cela, les disciples n’avaient pas reçu cette qualité là d’amour. Ce n’est qu’après la Pentecôte qu’ils mettent leur vie totale au service de leur maître.
Marie de Magdala, elle, avait déjà reçu cet esprit d’amour.
Nous qui sommes des disciples, nous aimons tellement notre Sauveur que nous ne cherchons pas notre intérêt, mais que nous mettons nos dons au service de Dieu, par amour pour Jésus. Donc ma question qui, je l’espère, va vous habiter tout au long de cet anniversaire de Pentecôte, c’est la suivante : aimez-vous Jésus ?
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