Dieu n’aime pas les faux cultes

29 mars 2022Lionel Thébaud

Dieu déteste les faux cultes Ne cherchez pas de mauvais jeu de mots ! Il faut entendre à quel point certaines choses irritent Dieu, et nous allons rapidement regarder, à l’aide d’Esaïe 1.10-17, ce que Dieu déteste quand nous lui rendons un culte. Et surtout, qu’est-ce qui fait de nos cultes un vrai culte ? Curieusement, il nous faudra passer par Sodome et Gomorrhe pour chercher à comprendre ces choses.

Écoutez bien ce que dit le Seigneur,
vous les dirigeants corrompus, dignes de Sodome,
soyez attentifs à l’enseignement de notre Dieu vous,
peuple perverti, digne de Gomorrhe :
« Je n’ai rien à faire de vos nombreux sacrifices, déclare le Seigneur.
J’en ai assez des béliers consumés par le feu et de la graisse des veaux.
Je ne désire pas le sang des taureaux, des agneaux et des boucs.
Vous venez vous présenter devant moi,
mais vous ai-je demandé de piétiner les cours de mon temple ?
Cessez de m’apporter des offrandes, c’est inutile ;
cessez de m’offrir la fumée des sacrifices, j’en ai horreur ;
cessez de célébrer les nouvelles lunes, les sabbats ou les fêtes solennelles :
je n’admets pas un culte mêlé au crime,
je déteste vos fêtes de nouvelle lune, vos cérémonies sont un fardeau pour moi,
je suis fatigué de les supporter.
Quand vous étendez les mains pour prier, je détourne les yeux pour ne pas voir.
Vous avez beau faire prière sur prière, je refuse d’écouter,
car vos mains sont couvertes de sang.
Lavez-vous, purifiez-vous,
écartez de ma vue vos mauvaises actions,
cessez de faire le mal.
Apprenez à faire le bien,
préoccupez-vous du droit des gens,
tirez d’affaire l’opprimé,
rendez justice à l’orphelin,
défendez la cause de la veuve. »

Dieu ne valide pas le culte de son peuple

Dans ce passage, Dieu fait un procès aux dirigeants de son peuple. Le prophète n’est pas toujours quelqu’un d’agréable à écouter. Il est aussi celui qui dénonce tes mauvaises actions, et surtout les mauvais penchants de ton cœur. Ça n’enlève rien au fait que Dieu t’aime et t’accueille sans condition. Les reproches sont à entendre en même temps.

Ici, Dieu reproche aux dirigeants de son peuple de commettre l’injustice sans s’en soucier, alors qu’ils accomplissent tous leurs devoirs religieux. Le peuple prie souvent, il se rend au temple, il offre des sacrifices d’animaux, il donne de l’argent, bref il faut tout ce qu’il faut faire, sur le plan cultuel. Et Dieu dit qu’il a tout ceci en horreur.

Le mot est fort.

Dieu a horreur de nos cultes, lorsqu’ils ne sont que l’expression de notre religiosité. Il en a horreur au point de considérer que son peuple est digne d’être comparé à Sodome et à Gomorrhe.

Dieu, Sodome et Gomorrhe

Qu’est-ce que c’est que Sodome et Gomorrhe ? C’est en Genèse 19 que l’on trouve le récit de la destruction des villes de Sodome et de Gomorrhe. Je suis sûr que tu liras Genèse 19 par toi-même.

On a beaucoup glosé sur cette histoire, et depuis bien longtemps on parle de ce récit comme étant symptomatique de la perversité de l’acte homosexuel. Au point qu’on a donné à une pratique le nom de cette ville : la sodomie. Note qu’on n’a pas bien retenu le nom de Gomorrhe : on ne sait pas à quoi ça se réfère.

Mais les exégètes aujourd’hui s’accordent pour dire que ce récit ne parle pas de ça. Ce texte parle du manque d’hospitalité.

La ville de Sodome veut agresser les étrangers qui sont entrés. Parce que la ville déteste les étrangers, et qu’elle veut les opprimer. A ce titre, les habitants de la ville veulent forcer ces étrangers à avoir des relations sexuelles avec eux.

Forcer.

Ça s’appelle du viol.

C’est cette méchanceté-là de Sodome que Dieu va détruire. Cet épisode illustre le refus de l’hospitalité, le refus de la justice, le refus de l’amour du prochain.

Un vrai culte ?

Ésaïe dit donc que ceux qui font leurs petits exercices cultuels sans se soucier de l’hospitalité et de la justice sociale sont dignes de Sodome et de Gomorrhe. Et Ésaïe décrit ce qu’est un vrai culte : « Lavez-vous, purifiez-vous, écartez de ma vue vos mauvaises actions, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, préoccupez-vous du droit des gens, tirez d’affaire l’opprimé, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve. »

J’ai l’impression que dans l’Église, on est d’accord sur un point : l’Église est appelée à contribuer au changement social. Elle est appelée à incarner les valeurs du royaume de Dieu, et à influencer la société dans laquelle elle vit. Il me semble que nous sommes tous et toutes d’accord sur ce point, et ce, partout dans le monde, dans toutes les dénominations, à travers toutes les époques.

Il y a peut-être ici un indice sur ce qui constitue un vrai culte aux yeux de Dieu.

Changer le monde ou être changé ?

Tout le monde – dans l’Église – est d’accord pour dire que l’Église doit changer le monde.

Mais là où nous ne sommes pas d’accord entre nous, c’est sur la manière de faire.

D’un côté, il y a ceux qui ont une idéologie politique plutôt conservatrice et qui croient qu’il est de la responsabilité de l’Église – et non du gouvernement – de pourvoir aux besoins des pauvres et de venir au secours des opprimés. De l’autre côté, il y a ceux qui sont plutôt progressistes et qui croient que le gouvernement est un instrument qui potentiellement peut être au service du royaume de Dieu.

Les conservateurs pensent que la bonne manière de changer la société, c’est de changer les individus. Une fois changés, les individus vont à leur tour transformer les structures sociales. Les progressistes, eux, ont tendance à vouloir transformer les institutions, convaincus que les gens sont victimes des structures qui organisent la vie des individus en reproduisant les inégalités et les logiques d’oppression.

Les deux camps ont sans doute une part de la vérité. Je reconnais que nous ne pouvons pas changer la société si les gens ne changent pas. C’est ce que Jacques Ellul affirmait, lorsqu’il disait que la révolution est d’abord une révolution personnelle. Mais je reconnais aussi que les gens ne peuvent pas changer tant que les structures de ce monde sont intactes, parce que ces structures, c’est ce qui conditionne la manière dont nous pensons et vivons notre vie.

Dieu, entre révolution personnelle et justice sociale

Nous avons, en tant que communauté, un rôle à jouer sur ces deux tableaux.

Pas besoin de choisir un camp.

Nous pouvons à la fois encourager les gens qui nous entourent à développer leur relation personnelle avec Dieu (c’est-à-dire à changer, à faire leur révolution personnelle) et faire le nécessaire pour que nos structures et nos institutions changent.

Nous devons à la fois vivre notre vie sous le regard de Dieu, et faire en sorte que nos contemporains vivent dans un monde meilleur et plus juste. C’est notre rôle, en tant que communauté, de faire ce qui est en notre pouvoir pour non seulement ne pas ajouter au malheur du monde, mais pour nous préoccuper du droit des gens, tirer d’affaire les opprimés, rendre justice à l’orphelin, défendre la cause de la veuve.

Si la mission de l’Église, c’est l’annonce de l’Évangile, ça m’ennuierait beaucoup que cette annonce ne soit pas suivie d’effets concrets.

Souvent nous avons de bons sentiments. C’est une bonne chose.

Souvent aussi nous savons mettre la main au portefeuille pour témoigner de notre solidarité. Les communautés protestantes sont réputées entre autres pour leur capacité à donner de l’argent. Et c’est très bon.

Mais souvent il nous manque un petit quelque chose.

Ce qui nous manque, pour que notre culte soit vrai

C’est la question de l’engagement.

De l’implication.

Donner son accord, c’est assez simple. Donner de son argent, quand on en a un peu, c’est assez simple aussi (je ne dis pas que c’est facile, on est quand-même attaché à l’argent).

Mais ce qui est difficile, vraiment difficile, c’est donner de son temps et de sa personne. C’est accompagner concrètement quelqu’un dans les difficultés qu’il traverse. C’est prendre le temps d’organiser des choses pour améliorer la convivialité. C’est de participer aux actions mises en place pour augmenter le bien-être des gens qui nous entourent. C’est de militer pour plus de justice et se tenir sur la brèche.

Ce n’est pas facile.

Il y a plein de jours où on se sent impuissant et ou on se sent coupable de ne pas en faire assez. Mais notre culpabilité a été réglée à la croix. Tout ce que nous avons à faire, c’est d’être là où nous devons être.

Et pour Dieu, si je comprends ce que dit Ésaïe, nos cultes ne servent à rien si nous ne nous engageons pas pour plus de justice sociale.

Comments (1)

  • Jean-Michel Ulmann

    29 mars 2022 at 13:52

    Merci Lionel pour cette forte prédication tellement d’actualité qu’elle ferait un bel et ambitieux programme politique. Elever le débat n’est-ce pas ce qui nous est demandé?
    Avis aux amateurs.
    Fraternellement
    jmu

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